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Canada Choral est l’organisme national de service artistique pour la communauté chorale canadienne et le secteur professionnel des arts choraux.
Dix pour cent de la population canadienne chante dans un chœur, selon le Recensement national du monde choral de 2017. Cela représente environ 3,5 millions de choristes.1 Le chant choral est sans conteste le passe-temps national du Canada.
En tant que promoteurs de l’art choral, notre priorité absolue est la sécurité et le bien-être des choristes et des différents acteurs de l’industrie et du secteur choral.
Nous travaillons à l’établissement de canaux de communication constructifs entre la communauté chorale canadienne, les responsables de la santé et les décideurs politiques afin de pouvoir transmettre des directives unifiées à l’ensemble de la communauté chorale. Nous sommes convaincus qu’une approche réfléchie, informée et collaborative demeure la meilleure voie à suivre.
Nous cherchons à travailler avec les responsables de la santé et les décideurs politiques afin d’apporter des changements à nos façons de faire et d’établir des directives applicables pour chanter en toute sécurité. Ces directives doivent être fondées sur la science. Nous cherchons à formuler des lignes directrices sanitaires, à la fois raisonnables et harmonisées avec celles d’autres secteurs, comme le hockey récréatif pour adultes, les centres de conditionnement physique, les studios de danse, les camps de soccer pour enfants, etc. En fait, certaines provinces ont déjà formulé des recommandations pour la pratique du chant en toute sécurité.
Nous sommes reconnaissants envers les médias, qui s’efforcent de mettre en lumière les façons dont les chœurs innovent et tentent de survivre pendant cette période. Cependant, certaines manchettes sensationnalistes causent de nouveaux dégâts dans notre secteur artistique déjà dévasté. Elles ont des répercussions sur des professionnels et des industries connexes qui dépendent fortement des revenus de l’art choral. L’enjeu est de taille. Nous ne devons pas sous-estimer les dommages financiers, émotionnels, culturels et physiques que les articles et commentaires négatifs et mal informés causent à l’ensemble du secteur choral. Les récentes manchettes négatives, qui visaient directement le secteur choral, ne s’appuyaient guère sur autre chose que des anecdotes.
Aucune étude scientifique définitive n’a encore été publiée sur les risques de transmission de la COVID-19 par le chant comparativement à d’autres activités comme le fait de parler fort, de crier, ou de pratiquer des activités aérobiques.
Le gouvernement de l’Alberta a reconnu le manque de preuves scientifiques crédibles sur ce sujet dans son rapport sur les preuves rapides du groupe consultatif scientifique Covid-19, en déclarant
Il y a une lacune dans les connaissances scientifiques concernant l’aérosolisation de COVID-19 en particulier pour de telles activités [le chant]. Les preuves que COVID-19 est transmis par le chant se limitent en grande partie aux rapports des médias, et il n’est pas certain que la transmission qui s’est produite dans ces contextes soit liée à l’aérosolisation par le chant, ou à la transmission par gouttelettes ou par contact… Le comité a convenu qu’il n’est pas clair si le risque de transmission du virus du SRAS-CoV- 2 par le chant peut être causé par l’aérosolisation de particules respiratoires, ou l’expulsion de grosses gouttelettes, ou une combinaison, ou plutôt par des comportements sociaux associés à des rassemblements sans distanciation (contact étroit, se serrer la main, câlins, etc.).2
Ce rapport a été rédigé par un groupe de chercheurs très équilibré, dont un médecin spécialiste des maladies infectieuses reconnu pour son travail dans la transmission des virus par voie aérienne.
Nous suivons actuellement des études qui tentent de répondre aux questions de manière scientifique. Menées entre autres dans les laboratoires de dynamique des fluides et les facultés de médecine des universités d’Allemagne, des États-Unis et du Canada, ces recherches indispensables contribueront à informer les décideurs sur ce qui se passe réellement avec les gouttelettes et les aérosols lorsque les gens chantent. Des études préliminaires, encore non publiées, réalisées en Europe et portant spécifiquement sur le comportement des gouttelettes et des aérosols pendant l’acte de chanter, montrent que le chant n’a pas un effet aussi néfaste que ce qui est signalé régulièrement dans les médias.3 Nous attendons des preuves plus définitives de ces études.
Nous encourageons la prise de décisions et la mise en œuvre de politiques fondées sur la science, par opposition à des scénarios non prouvés, anecdotiques ou comparatifs. Nous continuerons à plaider pour une communication scientifique claire de la part de nos dirigeants et nous insisterons pour que les politiques soient élaborées avec intégrité, à partir des meilleures données scientifiques disponibles.
On compte près de 28 000 chœurs au Canada. Ces chœurs sont aussi diversifiés que notre pays est vaste. Il est donc possible qu’une approche universelle ne soit pas envisageable. Nous sommes impatients de collaborer avec les décideurs politiques afin de trouver des solutions innovantes qui permettront éventuellement à tous ces groupes choraux diversifiés de pratiquer leur art en toute sécurité.
Canada Choral
1 Sondage pour Canada Choral, janvier 2017, sondage et analyse de Hill Strategies Research
2 Alberta Health Services, Covid-19 Scientific Advisory Group Rapid Evidence Report, May 22, 2020, p.2
3 Christian Kähler, et al. https://www.unibw.de/lrt7-en/making-music-in-times-of-pandemic.